2e extrait de mon bouquin « La misère serait moins pénible au soleil »

Vous pensiez tout connaître sur le naufrage du Titanic ? 

    Lisez plutôt ceci :

« Le CS Mackay-Bennett, navire britannique habituellement char­gé de réparer les câbles sous-marins dans l’Atlantique Nord, repêcha les dépouilles des victimes à la demande de la White Star Line, avec priorité pour les passagers des 1re et 2de clas­ses, pour raison financière : l’assurance-vie n’aurait pas été versée sans la présence des corps.

Le bâtiment partit d’Halifax-Nouvelle-Écosse, transformé en véritable « morgue flottante ». À son bord, un prêtre, des croque-morts, une centaine de cercueils, tout le liquide d’em­bau­me­ment de la ville, et environ cent tonnes de glace en vue de conserver les restes en transit. Au soir du 19 avril, le Mackay-Bennett se repère aux débris surnageant (éclats de bois, chaises, vê­te­ments), entourant de mul­ti­ples cadavres portant leur gilet de sau­vetage blanc« Nous les avons vus éparpillés à la surface, res­sem­blant à une nuée de mouettes ».

La macabre besogne commence : hisser les corps à bord des cha­loupes, les remonter sur le pont principal, inventorier leurs vê­tements et possessions, noter leurs caractéristiques physiques (couleur des cheveux, taille, poids, âge estimé), afin de faciliter leur identification. En deux semaines, le vaisseau en récupère 306, dont celui du milliardaire John Astor. Assisté par trois autres bateaux, au total 337 dépouilles (sur 1.490 victimes) sont saisies, dont beaucoup d’anonymes ; 116 sont inhumées en mer car en trop mauvais état.

Sans surprise, les passagers de 3e classe (représentant 75% des disparus) en font encore les frais. Après une brève oraison funèbre, on les enveloppe dans une toile, ensuite lestés de barres d’acier, les cadavres sont expédiés vers les abysses. Les autres sont rendus à leurs proches, ou enterrés dans les cime­tiè­res d’Halifax si non réclamés. »

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